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ERASME, STANYHUBST.


ordre, ce qui fut accompli de point en point (1>. Mais le sanctuaire ne tarda pas à se relever de ses ruines w. La légende du Purgatoire avait déjà pénétré dans les bréviaires de quelques églises particulières ; on tenta de l’insérer dans le Bréviaire romain et elle parut dans une édition de ce bréviaire imprimée à Venise vers la fin du XVe siècle, mais elle fut supprimée dans l’édition suivante. La leçon de l’église de Paris que l’on trouve dans l’office du saint imprimé en 1622, sous l’archiépiscopat de Mgr de Gondy, est ainsi conçue : Antrum vero pœnitentiale eliamnum visitur quod de ejus nomine seu purgatorium S. Patricii vocatur{3K La croyance aux merveilles de la légende n’avait pu être officiellement sanctionnée par l’Eglise. De leur côté, les écrivains continuaient à critiquer le Purgatoire d’Irlande.

Erasme, dans ses Adagia{i compare la fable de Trophonius à la légende de l’antre de saint Patrice et croit vraisemblable que celle-ci soit née de celle-là. Il ajoute qu’il ne manque pas pourtant en son temps d’hommes qui descendent dans le Purgatoire, mais, qu’exténués par un jeûne de trois jours, ils n’ont pas la tête saine quand ils y entrent. Stanyhurst (1545-1618), le traducteur de Virgile <5), convient que ceux qui s’y rendent n’ont éprouvé, à sa connaissance, aucune terreur, sinon qu’un sommeil lourd les prend ; (1) Acta Sanctorum, 17 mars, t. II, p. 590. Les Annals o{ lister (éd. Hennessy et Mac Carthy, t. III, p. 417) relatent, à la date de 1497, la destruction du Purgatoire, sur l’autorisation du pape, par le gardien du monastère de Donegal et les représentants de l’évêque dans le doyenné de Lough Erne lors de la fête de saint Patrice, parce que l’on avait découvert que ce n’était pas le Purgatoire révélé par Dieu à saint Patrice. L’évêché de Clogher lut vacant de 1494 à 1502. L’histoire du moine de Eymsteede est aussi racontée par Orsini (devenu plus tard le pape Benoit XIII) dans un sermon sur le Purgaloire. Cf. O’Connor, St. Patrick’s Purgatory, p. 109-110. (2) En 1516, un chevalier français vint en pèlerinage au Purgatoire de saint Patrice et fut reçu magnifiquement par O’Domnaill. Cf. Armais o/ lister, t. III, p. 521. En 1545, Jean de Montluc, ambassadeur de France en Ecosse, visita le Purgatoire de saint Patrice. O’Connor, St. Patrick’s Purgatory, p. 118.

(3) Le Brun, Histoire critique des pratiques superstitieuses, t. IV, p. 47. O’Connor, St. Patrick’s Purgatory, Lough Derg, p. 31, cite sans références une vieille hymne de saint Patrice ainsi conçue : « Hic est doctor benevolus, Hibernicorum Apostolus, Cui loca purgatoria Ostendit Dei gratia. Le Père Boüillon cite une autre hymne latine : Magni Patris sunt miranda mérita Patricii : Cui Dominus ostendit locum Purgalorii, Quo viventes se expurgent delinquentes filii.

(4) Erasmi Roterodami adagiorum chiliades quatuor centuriaeque tolidem quibus etiarn quinta addilur imperecta [Venise, Aide, 1520], 1° chil., cent. VII, n° 76.

(5) De vita S. Patricii Hiberniae apostoli libri //. Auctore Richardo Sta nihvrsto Dvbliniensi, Antverpiae, 1587, cité par Ph. de Félice, L’autre monde, p. 70.

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