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VIE DE LOUIS EUNIÜS.


sans venir à cesser, avant que soit la fin du monde, pour augmenter le nombre des gens damnés. On se refroidit encore pour les sacrements ; on voit chaque jour tout plein de sacrilèges ; en beaucoup de façons on nuit au voisin, et quelquefois môme on le tue ; parler de l’envie et de l’avarice et des autres crimes qui sont si épais dans le monde, je ne trouve pas, mon maître, que ce m’est nécessaire ; c’est assez pour moi de dire comment on les commet, et je fais mon possible pour les mettre à régner ; on aura beau prêcher à toutes les créatures. Une partie des Bretons est si obstinée qu’ils demandent à chaque mot que soit damnée leur âme (1>. Dans leur pays, on trouve des ribambelles de pauvres ; ce n’est pas sans raison, car tout plein de fermiers la moitié du temps perdent des terres ; ainsi ils se damnent et ruinent le pays, faute de venir à rendre le bien pour le mal ; il* faudra faire pour eux bientôt un autre pater. En Tréguier, on voit respect et affection, sauf que c’est bien pour un pauvre de trahir l’autre ; en Cornouaille, ils sont fidèles, car là ils trompent peu de gens de leur pays et ils trouvent meilleur compte ; mais ils ont beau prier dur dans l’église, si vous faites marché avec eux, il vous en cuira. [défatiguer ; Je marche depuis longtemps ; il est temps pour moi de me si vous voulez me laisser maintenant, pour le souper, mon maître, faire du feu ici dans la grande chaudière W, il me sera plus aisé après d’aller en tournée encore. (1) Cf. v. 1120.