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INTRODUCTION.


d’Alexandre VI, un chanoine régulier du monastère d’Eymsteede, en Hollande, pour se donner plus complètement aux mortifications, demanda à ses supérieurs l’autorisation de parcourir la chrétienté en moine mendiant. Après avoir traversé plusieurs pays, il arriva en Irlande pour voir le Purgatoire de saint Patrice et y pénétrer. Il exposa son désir au prieur du monastère et celui-ci le renvoya à l’évéque, sans l’assentiment duquel personne ne pouvait être introduit ; après avoir eu peine à pénétrer jusqu’à l’évêque, il finit par l’aborder, et se jetant à ses genoux, lui demanda l’autorisation d’entrer dans le Purgatoire. L’évêque lui réclama la somme d’argent que l’on exigeait d’ordinaire comme droit d’entrée. Le frère répondit qu’il était pauvre et que, même s’il avait de l’argent, il n’oserait le donner, de crainte d’être taxé de simonie. Enfin, après . de longues prières, il obtint une lettre d’admission qu’il devait présenter au seigneur du lieu. Celui-ci aussi lui demanda de l’argent et finit pourtant par l’admettre, non sans difficulté. Lorsque le moine fut revenu, avec ces diverses autorisations, auprès du prieur, celui-ci, à son tour, lui réclama une certaine somme pour le monastère ; le moine s’excusa de ne pouvoir le faire et le prieur consentit enfin à le laisser entrer. Après qu’il se fut confessé, le sacristain, au moyen d’une corde, le descendit le soir dans une fosse profonde et lui fit passer un peu de pain et un petit vase rempli d’eau. Le moine y resta toute la nuit, tremblant et plein d’horreur, récitant de fréquentes prières et s’attendant à tout moment à voir paraître les démons. Au lever du soleil, le sacristain vint l’appeler à l’orifice et lui passa la corde poui remonter.

Le moine s’étonna beaucoup de n’avoir rien vu, rien entendu ni éprouvé pendant la nuit ; il repassa dans sa tête ce qu’il avait lu et appris du Purgatoire ; il ne savait pas, en effet, que l’antique miracle avait cessé et que les habitants du pays n’entretenaient la croyance que pour ne pas tarir leurs revenus. Désireux d’abolir cette illusion de simple, il se rendit à Rome, et, ne pouvant approcher le Souverain Pontife, il raconta à son Pénitencier tout ce qui lui était arrivé, en le priant d’en faire rapport au Pape. Le Pénitencier s’y offrit spontanément, après que le moine lui eut attesté par un serment solennel que tout s’était passé ainsi qu’il le lui avait dit. Lorsque le Pape l’apprit, il envoya une lettre scellée de son seing à l’évêque, au seigneur et au prieur, leur enjoignant de détruire jusqu’aux fondements le lieu dans lequel il y avait autrefois une entrée au Purgatoire de saint Patrice et ajoutant que le porteur de sa lettre devait lui rendre compte de l’exécution de cet «