Page:Dottin - Louis Eunius.pdf/34

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
PEBEZ DE MONTALVAN.


Montalvan ajoute que le prieur ordonna à Louis, lorsqu’il fut de retour, de faire devant tous une relation de son voyage ; et c’est ce récit qu’il transcrit de point en point (ch. VII, f° 80 r°-86 v®). C’est un résumé de la rédaction de H. de Saltrey. Louis suit une épaisse muraille, puis rencontre une roche qui ferme le chemin ; une petite lueur passant par une fente du rocher lui permet de reconnaître la direction du chemin. En se munissant du signe de la croix, il poursuit sa route et arrive à l’extrémité du petit sentier où il sent la terre mouvante sous ses pieds. Là il s’endort dans les ténèbres. Il est réveillé par un coup de tonnerre, le sol s’abaisse, et il tombe de deux piques de haut. Il prononce la formule que lui a apprise le prieur : « Jésus, fils de Dieu vivant, faites miséricorde à moi, pécheur (1> », et voit la caverne plus ouverte, mais toujours aussi profonde et obscure. Un second coup de tonnerre fait écrouler un quartier de roche et il manque d’être enseveli sous les débris ; mais il se trouve miraculeusement dans une belle salle voûtée et soutenue par des colonnes comme un cloître. Il voit venir à lui douze hommes, vêtus de blanc, portant chacun une croix sur la poitrine, et qui avaient l’air de religieux. Celui qui semblait être le supérieur annonce à Louis les tourments qu’il souffrira et les ruses qu’emploieront les démons pour le faire retourner en arrière. Il l’invite à se prévaloir comme d’un bouclier divin du doux nom de Jésus, qui le délivrera de tous les dangers. Puis les douze hommes prirent congé de lui en l’embrassant et en lui promettant de prier pour lui.

Soudain, un bruit effroyable retentit et une multitude de démons hideux et difformes apparaissent. Après un discours ironique où ils le remercient de ce qu’il a fait pour eux, ils le précipitent dans un brasier, mais à peine Louis a-t-il demandé la miséricorde de Dieu que tout disparaît. Puis (ch. VIH, f° 86 v°-103 r°) il est entraîné dans des caves où se lamentent les âmes, et de là dans une plaine immense où des hommes et des femmes, sur le ventre, attachés à terre par des clous de fer rouge, étaient rongés par des lézards venimeux ; puis dans une seconde plaine, où des dragons arrachaient les veines et les artères avec des guipoirs d’acier ® et versaient du plomb fondu dans les blessures ; d’autres pécheurs étaient plongés au milieu de monceaux de neige au haut desquels de nombreux bourreaux leur appliquaient des aiguilles pénétrantes par tout le corps.

Il y avait aussi une roue munie de clous à crochets et de chaînes ardentes où étaient attachés les damnés par les pieds, et leur tête

[1] [2]

  1. Pauvre et misérable pécheur (Boüillon).
  2. Avec des crochets de fer leur déchiroient la chair en lambeaux et leur arrachoient les veines et les artères du corps (Boüillon).