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PÉREZ DE MONTALVAN.

mais une sorte de roman pieux. Dans l’adresse au lecteur, Montalvan s’exprime ainsi : « Je te remets le Purgatoire de saint Patrice, où, d’après moi, tu trouveras un amusement dévot qui te divertisse et te terrifie, un roman religieux qui te tente et te corrige et une histoire merveilleuse qui en même temps te châtie et te charme[1] ». Le premier chapitre (fo 1-28 ro) traite de la vie et des miracles de saint Patrice. Le second chapitre (fo 28 ro-37 vo) est consacré à la destinée de l’âme après lu mort. Le troisième (fo 37 vo-46 vo) décrit lu situation du Purgatoire terrestre et donne les raisons pour lesquelles Patrice en demanda la révélation à Dieu. Llle est située au milieu d’un lac profond dont les eaux ont la propriété d’accroître la chaleur naturelle de l’estomac ; un des côtés de l lle est environné de pins, de chênes et de lieux montagneux et déserts ; au bas, s’étend une belle vallée ; entre les deux, est bâti le monastère des chanoines réguliers de saint Augustin ; aux extrémités, se trouve un enclos de deux cents pas environ de long et de large ; au milieu de cet enclos, on voit un puits, et, dans un coin plus retiré, l’entrée basse et étroite de la caverne, avec une petite fenêtre à droite et une grosse roche devant. Saint Patrice obtint que Dieu lui fit connaître l’entrée de la caverne parce qu’il ne pouvait réussir à convaincre les Irlandais de l’existence de la vie future. Le chapitre IV (fo 46 vo-52 ro) cite les autorités et donne les raisons de croire au Purgatoire de saint Patrice. Dans le chapitre V, les cérémonies qui précèdent l’entrée au Purgatoire sont décrites (fo 52 ro-59 ro). C’est seulement au chapitre VI (fo 59 vo-79 vo) que commence l’histoire de Louis Enius[2]. Celui-ci était né en Irlande ; mais ses parents furent obligés de quitter le pays et s’établirent à Toulouse. Sa mère mourut en le mettant au monde ; dès son jeune âge, il fit preuve d’un mauvais naturel et d’inclinations perverses ; à l’âge de quinze ans, il perdit son père qui, par ses conseils ou sa sévérité, arrêtait son libertinage. Libre désormais, il dissipa rapidement dans la débauche et le jeu les biens considérables qu’il avait reçus de ses parents. Il dut bientôt recourir à l’emprunt, et, si on le refusait, il prenait par violence ce qu’il n’avait pu obtenir de bon gré. La nuit, il exerçait le métier de tire-laine, et si quelqu’un, pour défendre son

  1. « Te remito el Purgalorio de San Patricio : en que a mi ver hallaràs vna deuota suspension, que te diuierta y atemorice ; vna nouela a lo diuino, que te prouoque, y escarmiente ; y vna historia prodigiosa, que junstamente castigue, y lisongee. » Dans l’approbation du docteur Martin de Iauregui et dans la licence de l’ordinaire, docteur Juan de Mendieta, l’ouvrage de Montalvan est appelé La admirable Vida y prodigioso Purgatorio de San Patricio.
  2. L’analyse que nous donnons a été faite sur le texte espagnol, mais en utilisant, toutes les fois qu’il n’y avait aucun inconvénient à le faire, les termes mêmes de la traduction française du P. Boüillon.