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lui demandai-je, « que vous soyez si gêné et que, dans un pareil dénûment, vous occupiez une chambre de cinq roubles d’argent ? » Il m’expliqua qu’il avait loué cette chambre six mois auparavant et qu’il avait payé un trimestre d’avance ; mais ensuite des circonstances étaient survenues qui avaient réduit le pauvre homme à la dernière extrémité. Il comptait que pour ce moment-ci son affaire serait finie. Il a une affaire désagréable. Voyez-vous, Varinka, la justice lui demande des comptes. Il est en procès avec un marchand qui a volé l’État dans une entreprise ; la fraude a été découverte, des poursuites ont été intentées contre le marchand, et celui-ci, accusé d’escroquerie, a impliqué dans son mauvais cas Gorchkoff, lequel se trouvait aussi avoir été mêlé à la chose. Mais, en réalité, Gorchkoff n’est coupable que de négligence, d’inattention ; son seul tort est de n’avoir pas assez veillé sur les intérêts du Trésor. La cause est pendante depuis plusieurs années déjà : diverses charges s’élèvent toujours contre Gorchkoff. — « Je suis innocent, complètement innocent de l’infamie qu’on m’impute », me dit-il, « je n’ai commis ni fraude ni escroquerie. » Cette