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Lorsque je tournai dans la rue aux Pois, la nuit était déjà venue et l’on commençait à allumer le gaz. Je n’étais pas allé rue aux Pois depuis pas mal de temps, — je n’en avais pas eu l’occasion. C’est une rue bruyante ! Il y a là de belles boutiques, de luxueux magasins ; quantité de marchandises superbes sont exposées derrière les vitrines, des étoffes de prix, des fleurs, toutes sortes de chapeaux enrubannés. Vous vous dites que tout cela est étalé ainsi pour la montre, pour l’ornement, — eh bien, non : il y a des gens qui achètent tout cela et qui en font cadeau à leurs femmes. Une rue riche ! Beaucoup de boulangers allemands demeurent dans la rue aux Pois ; ce doivent être aussi des gens fort à leur aise. Que de voitures passent à chaque instant ! Comment le pavé peut-il résister à tout cela ? Des équipages somptueux, des glaces comme des miroirs, du velours et de la soie à l’intérieur, des laquais aristocratiques qui portent des épaulettes et ont l’épée au côté. Je jetais un coup d’œil dans toutes les voitures, j’y apercevais toujours des dames en grande toilette, peut-être des princesses et des comtesses. Sans doute à cette heure-là elles allaient toutes au bal ou en soirée.