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n’est-ce pas beaucoup, Varinka ? Qu’en pensez-vous ? Peut-on sur ma bonne mine me prêter quarante roubles ? Je veux dire : me croyez-vous capable d’inspirer à première vue confiance dans ma solvabilité ? D’après ma physionomie, peut-on, au premier coup d’œil, me juger favorablement ? Rappelez-vous mes traits, mon petit ange, ai-je une tête à rassurer un usurier ? Quelle est votre opinion là-dessus ? Savez-vous, on éprouve une telle frayeur, une crainte maladive, c’est le mot, maladive ! Sur ces quarante roubles, vingt-cinq seront pour vous, Varinka ; je donnerai deux roubles d’argent à ma logeuse, et le reste, je le dépenserai pour mon usage personnel. Voyez-vous, il conviendrait de donner un peu plus à ma logeuse, ce serait même nécessaire ; mais représentez-vous ma situation, matotchka, passez en revue tous mes besoins, et vous verrez qu’il m’est absolument impossible de donner davantage ; par conséquent il n’y a pas à parler de cela, et il ne faut même pas y songer. Je dépenserai un rouble d’argent pour acheter des bottes ; je ne sais même pas si je pourrai aller demain au bureau avec les anciennes. Il me faudrait aussi une cravate, car celle que je porte me dure déjà depuis près