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que vous avez même vendu vos vêtements à l’époque de ma maladie, — maintenant, par le fait de cette découverte, je me trouve dans une situation si pénible que je ne sais encore ni comment prendre tout cela, ni qu’en penser. Ah ! Makar Alexéiévitch ! Après les premiers bienfaits que vous avaient inspirés la compassion et les sentiments de famille, vous auriez dû vous arrêter et ne pas dépenser ensuite votre argent pour des choses inutiles. Vous avez trahi notre amitié, Makar Alexéiévitch, car vous n’avez pas été franc avec moi, et à présent, quand je vois que vous avez sacrifié vos dernières ressources pour m’offrir des toilettes, des bonbons, des promenades, des billets de théâtre, des livres, — à présent, je déplore avec amertume mon impardonnable étourderie, car j’acceptais tous vos cadeaux sans me mettre en peine de vous, et tout ce par quoi vous vouliez me faire plaisir s’est changé maintenant en chagrin pour moi et n’a laissé après soi que des regrets stériles. J’avais remarqué votre anxiété dans ces derniers temps, et quoique moi-même j’attendisse anxieusement quelque chose, j’étais loin de prévoir ce qui vient d’arriver. Comment ! votre moral a pu