Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

rien ignorer. Non, je ne m’attendais pas à cela de votre part, matotchka : non, Varinka ! C’est une chose qui, venant de vous surtout, a lieu de m’étonner. Comment ! Ainsi, après cela, on ne pourra plus vivre tranquillement dans son petit coin, — quel qu’il soit, — vivre, comme dit le proverbe, sans troubler l’eau, sans toucher à personne, connaissant la crainte de Dieu et se connaissant soi-même ! Il faudra que quelqu’un s’occupe de vous, vienne vous relancer dans votre taudis, espionne votre existence privée, cherche à savoir, par exemple, si votre gilet est beau, si vous portez un pantalon convenable, si vous avez des bottes et comment les semelles y tiennent ; ce que vous mangez, ce que vous buvez, ce que vous copiez ! Mais quand bien même, là où le pavé est mauvais, je marcherais parfois sur la pointe des pieds pour ménager mes bottes, qu’importe cela, matotchka ? Pourquoi écrire sur le compte d’autrui qu’il est quelquefois dans la gêne, qu’il ne boit pas de thé ? Comme si tout le monde était absolument obligé de prendre du thé ! Mais est-ce que je vais, moi, regarder dans la bouche des gens pour voir ce qu’ils