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c’est que je ne l’ai pas vue, pour ainsi dire, que je ne suis allé au théâtre qu’une seule fois, et que néanmoins j’ai été pincé. Dans le logement contigu au mien demeuraient alors quatre jeunes gens, des natures bouillantes. Je les voyais ; sans le vouloir je m’étais lié avec eux, tout en me tenant toujours dans les limites convenables. Allons, pour ne pas me singulariser, j’étais constamment de leur avis. Ils me parlaient tant de cette petite actrice ! Chaque soir de représentation, toute la bande, — pour les choses nécessaires, ils n’avaient jamais un groch, — toute la bande se rendait au théâtre, à la galerie, et ce qu’ils applaudissaient, ce qu’ils rappelaient cette comédienne ! — Ils étaient positivement enragés ! Et ensuite ils ne me laissaient pas dormir ; toute la nuit, ils ne faisaient que parler d’elle, chacun l’appelait sa Glacha, ils en étaient toqués tous les quatre, tous avaient dans le cœur le même canari. Leur exemple m’entraîna aisément, j’étais encore jeune alors. Je ne sais pas moi-même comment je me trouvai avec eux au théâtre, à la galerie du quatrième étage. Pour ce qui est de voir, je ne vis qu’un petit bout de rideau ; en revanche, j’entendis tout. L’actrice avait une