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pas pensé à cela, Varinka ; non, pensez-y un peu ; dites-vous : À quoi sera-t-il bon quand je ne serai plus là ? Je suis habitué à vous, ma chère. — Si vous partez, qu’en résultera-t-il ? J’irai me jeter dans la Néva, et ce sera une affaire finie. Oui, vraiment, il arrivera quelque chose de pareil, Varinka ; sans vous, que me restera-t-il à faire ? Ah ! douchetchka, Varinka ! Évidemment, vous voulez qu’un charretier me conduise à Volkovo, que quelque vieille mendiante, habituée des enterrements, accompagne seule mon cercueil, qu’on me couvre de sable, qu’on s’en aille et qu’on me laisse là seul. C’est mal, matotchka, c’est mal ! En vérité, je vous l’assure, c’est un péché, un péché ! Je vous renvoie votre livre, ma petite amie Varinka, et si vous, ma petite amie, me demandez mon avis sur cet ouvrage, je vous dirai que de ma vie il ne m’était pas encore arrivé d’en lire un si beau. Je me demande maintenant, matotchka, comment j’ai pu jusqu’à présent rester si âne, que le Seigneur me pardonne ! Qu’ai-je fait ? De quels bois suis-je sorti ? Je ne sais rien, matotchka, je ne sais absolument rien ! Je ne connais rien de rien ! Je vous le dirai franchement, Varinka, — je suis un homme sans instruction ;