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des piqûres d’épingle pour l’amener au soupçon. Un vrai jaloux n’est pas ainsi. On ne peut s’imaginer la honte morale et la bassesse où sombre sans remords un jaloux. Non pas qu’il ait nécessairement l’âme vile et banale, au contraire ! Un cœur noble, un amour pur, un dévouement réel peuvent fort bien se cacher sous les tables, acheter des limiers, épier, vivre dans cette boue de l’espionnage. Othello ne pouvait supporter la pensée même d’une trahison : je ne parle pas de pardonner : supporter seulement. Pourtant son âme est aussi naïve qu’une âme d’enfant. Ce n’est donc pas un véritable cas de jalousie : car il y a bien des compromissions possibles avec la jalousie. Ce sont les plus jaloux qui pardonnent le plus vite, et les femmes le savent bien : ils peuvent, après une scène d’ailleurs excessi-