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n’aurais-je pas contribué à l’égayement de mes contemporains… Mais non, mes contemporains sont des gens graves, de décents et corrects gentlemen qui ne veulent ni rire ni pleurer, ― et il est à croire qu’ils ont raison.


XIII


Ah çà ! trêve de spéculations ! Ne voulais-je pas conter une histoire ? ― Ah ! oui, une réjouissante histoire ! Écoutez donc.

J’avais un ami, un certain Simonov, un ancien camarade d’école, un garçon calme, froid. Pourtant j’avais aimé en lui de l’indépendance et de l’honnêteté. Je crois même qu’il n’était pas tout à fait sot. Nous avions jadis passé ensemble de bons moments, mais ils furent courts, et un voile de brume tomba vite sur ces beaux matins. Je soupçonnais que je devais lui être très-désagréable, pourtant je le visitais.