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DEUXIÈME PARTIE




I


L’HÔPITAL.


Peu de temps après les fêtes de Noël je tombai malade et je dus me rendre à notre hôpital militaire, qui se trouvait à l’écart, à une demi-verste environ de la forteresse. C’était un bâtiment à un seul étage, très-allongé et peint en jaune. Chaque été, on dépensait une grande quantité d’ocre à le rebadigeonner. Dans l’immense cour de l’hôpital se trouvaient diverses dépendances, les demeures des médecins-chefs et d’autres constructions nécessaires, tandis que le bâtiment principal ne contenait que les salles destinées aux malades : elles étaient en assez grand nombre ; mais comme il n’y en avait que deux réservées aux détenus, ces dernières étaient presque toujours pleines, surtout l’été : il n’était pas rare qu’on fût obligé de rapprocher les lits. Ces salles étaient occupées par des « malheureux » de toute espèce : d’abord, par les nôtres, les détenus de la maison de force, par des prévenus militaires, incarcérés dans les corps de garde, et qui avaient été condamnés ; il s’en trouvait d’autres encore sous jugement, ou de passage ; on envoyait aussi dans nos salles les malades de la compagnie de discipline — triste institution où l’on rassemblait