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PRÉCOCES

tout un tableau se déroulait devant ses yeux : comment, jadis, Sneguirev lui avait parlé d’Ilioucha ; comment Ilioucha s’écriait en pleurant et en embrassant son père : « Petit papa ! petit papa comme il t’a humilié ! » Quelque chose de pénible et de grave envahissait à la fois son âme. Il jeta un regard triste sur tous ces visages, regarda ces camarades d’Ilioucha et leur dit :

— Messieurs, je voudrais vous adresser ici quelques mots sur cette place même.

— Les enfants l’entourèrent, fixant sur lui leurs visages attentifs et anxieux.

— Messieurs, je reste encore ici quelque temps avec mes deux frères. L’un d’eux s’en ira en Sibérie, l’autre est sur son lit de mort. Bientôt je vais quitter notre ville et peut-être pour bien longtemps. Nous allons donc nous séparer. Mais nous pouvons convenir