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s, et même une réponse aux graves points d’interrogation posés devant lui. Élisabeth Nikolaïevna lui faisait, par avance, l’effet d’une créature extraordinaire. Et pourtant il n’allait pas chez elle, quoique chaque jour il en formât le projet. Pour dire toute la vérité, j’étais moi-même très désireux alors d’être présenté à cette jeune fille, et je ne voyais que Stépan Trophimovitch qui pût me servir d’introducteur auprès d’elle. Je l’avais plus d’une fois aperçue se promenant à cheval en compagnie du bel officier, qui passait pour son cousin (le neveu du feu général Drozdoff), et elle avait produit sur moi une impression extraordinaire. Mon aveuglement fut de fort courte durée ; je reconnus vite combien ce rêve était irréalisable, mais avant qu’il se dissipât, on comprend la colère que je dus souvent éprouver en voyant mon pauvre ami s’obstiner dans son existence d’ermite.

Dès le début, tous les nôtres avaient été officiellement informés que les réceptions de Stépan Trophimovitch étaient momentanément suspendues. Quoi que je fisse pour l’en dissuader, il tint à leur notifier la chose. Sur sa demande, je passai donc chez toutes nos connaissances, je leur dis que Barbara Pétrovna avait confié un travail extraordinaire à notre « vieux » (c’était ainsi que nous appelions entre nous Stépan Trophimovitch), qu’il avait à mettre en ordre une correspondance embrassant plusieurs années, qu’il s’était enfermé, que je l’aidais dans sa besogne, etc., etc. Lipoutine était le seul chez qui je ne fusse pas encore allé, je remettais toujours cette visite, et, à dire vrai, je n’osais pas la faire. « Il ne croira pas un mot de ce que je lui raconterai », me disais-je, « il ne manquera pas de s’imaginer qu’il y a là un secret qu’on veut lui cacher, à lui surtout, et, dès que je l’aurai quitté, il courra toute la ville pour recueillir des informations et répandre des cancans. » Tandis que je me faisais ces réflexions, je le rencontrai par hasard dans la rue. Les nôtres, que je venais de prévenir, l’avaient déjà mis au courant. Mais, chose étrange, loin de me questionner et de témoigner aucune curiosité à l’endroit de Stépan