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nement et déclara tout ce qu’il savait lui-même. La supposition que Dmitri Fédorovitch se tuerait le lendemain matin attira l’attention du procureur. Il fallait donc aller sans retard à Mokroïe pour saisir le coupable avant qu’il ne se fût fait justice lui-même.

Toutes les formalités de l’instruction terminées, les autorités judiciaires partirent pour Mokroïe. Seul, le médecin resta dans la maison de Fédor Pavlovitch, ayant à faire l’autopsie du cadavre et d’ailleurs très-intéressé par l’état de Smerdiakov.

« Des crises d’épilepsie aussi violentes et aussi longues, de deux jours, sans interruption, sont très-rares, dit-il, et appartiennent à la science. »

Il avait même affirmé au procureur et au juge d’instruction que Smerdiakov n’atteindrait pas le matin.

II

Mitia regardait donc d’un air hagard autour de lui, sans comprendre ce qu’on disait. Tout à coup il se leva, tendit ses mains vers le ciel et s’écria :

— Je ne suis pas coupable ! De ce sang-là, je ne suis pas coupable ! Je n’ai pas versé le sang de mon père… Je voulais le tuer, mais je ne l’ai pas fait… Ce n’est pas moi !

À peine eut-il fini de parler que Grouschegnka parut et tomba aux pieds de l’ispravnik.

— C’est moi ! c’est moi, la maudite, qui suis coupable !