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Cette scène se passait à la prison, dans la cellule où Alioscha avait été enfermé. À ce moment, la porte s’ouvrit et madame Khokhlakov entra. La bonne dame se précipita sur Alioscha en poussant des cris et des gémissements. Alioscha se dégagea doucement.

— Ah ! mon Dieu, Alexey Fédorovitch, s’écria madame Khokhlahov ; Alexey Fédorovitch ! est-ce bien vous, vous que je vois ici dans ce lieu de crime et de châtiment ? Mais je sais tout ce que vous avez fait : c’est noble, c’est sublime, c’est digne de vous !… Si j’étais de vos juges, je vous décernerais une récompense… Seulement, vous qui sauvez tout le monde, soyez tout à fait généreux, sauvez ma fille, faites une prière, dites seulement un mot à Dieu… Au moins, est-il aux mines d’or ?

— Qui donc, maman ? le bon Dieu ? fit la voix perçante de Liza, dont on n’avait pu introduire le fauteuil dans la cellule et qui restait dans le corridor sombre.

— Liza est ici ? s’écria joyeusement Alioscha.

— Oui, il a fallu l’amener ! Je lui disais qu’elle ne pourrait entrer, mais elle a insisté… Vous savez comme elle est, Alexey Fédorovitch !… Mais non, Liza !… Je parlais de Dmitri Fédorovitch… continua-t-elle en se tournant vers, le corridor. Eh bien, oui, elle est malade et son mal a empiré depuis ces derniers événements… depuis ces dangers que vous courez… Ah ! cela, c’est plus terrible que tout !… Si vraiment vous ne plaisantiez pas l’autre jour, si vous étiez sincère quand vous lui parliez mariage, je crois que le salut est là. Épargnez-la, épousez-la, Alexey Fédorovitch, je vous la donne avec ma bénédiction !…