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Ivanovna continue à être la garde-malade d’Ivan Fédorovitch, il guérira ; j’ai déjà constaté une amélioration dans son état. Mais je ne puis dire combien de temps le traitement durera. Il faut compter des semaines, peut-être des mois. » Ce sont les propres paroles du docteur. Vous êtes donc nécessaire ici, Katherina Ivanovna. C’est une grande tâche que vous accomplissez, une tâche digne de vous, et peut-être, continua-t-il d’une voix changée, fallait-il qu’Ivan vous dût la vie pour que pût s’établir entre vos deux âmes l’harmonie absolue qui fait le bonheur. Quant à Mitia, sa destinée l’entraîne loin de vous. Il aime une autre femme, en est aimé. Vous disiez un jour que vous ne cesseriez jamais de veiller sur lui : veillez, Katherina Ivanovna, veillez sur le malheureux, veillez de loin comme vous auriez fait de près. Puisque vous croyez lui devoir une grande reconnaissance, acquittez-vous en l’aidant à supporter la vie très-dure qui sera la sienne, quelle que soit l’issue des circonstances présentes. Pour l’évasion, je puis vous suppléer ; je pense même que, sans quelques différends récemment survenus entre Ivan et moi, c’est moi qu’il aurait chargé du soin de diriger, à son défaut, cette affaire. Confiez-moi les sommes, expliquez-moi les plans, il me semble que je réussirai. Ayez confiance en moi.

Il serra fortement les mains de Katia.

— C’est cela, c’est cela ! Alioscha, mon cher ami (car maintenant je ne vous appellerai plus autrement), Ivan avait raison, il m’a dit souvent qu’il y avait « en ce petit bonhomme », — pardon, c’est de vous qu’il parlait, — plus de force de volonté qu’il n’en avait jamais vu chez personne. Oui, il semble que toutes les énergies de votre