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sez, maintenant ! ajouta-t-elle avec rage en s’adressant au tribunal.

Sur un signe du président, on la saisit et on l’emmena ; elle se débattait et tendait les bras à Mitia. Mitia jeta un cri et voulut s’élancer vers elle. On eut de la peine à le maîtriser.

Le médecin de Moscou, que le président avait envoyé chercher pour soigner Ivan, entra dans la salle et déclara que le malade avait un accès de folie furieuse.

La lettre de Katherina Ivanovna fut ajoutée aux pièces à conviction.

Le président déclara la séance suspendue.

V

Ce fut le procureur qui rouvrit la séance par son réquisitoire. Hippolyte Kirillovitch commença son discours avec une étrange émotion. Il disait plus tard qu’il considérait ce réquisitoire comme son chef-d’œuvre, et ce fut, en effet, si l’on peut dire, son chant du cygne, car il mourut poitrinaire huit mois après. Il était sincèrement convaincu de la culpabilité de l’accusé.

« Messieurs les jurés, cette affaire a ému la Russie tout entière. Au fait, qu’y a-t-il de si étonnant ? Nous devrions être habitués à ces sortes d’affaires. Mais c’est précisément là le symptôme redoutable : ces affaires hor-