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La réputation du penseur Rakitine était quelque peu endommagée.

Mitia, mis hors de lui pa rle ton sur lequel Rakitine avait parlé de Grouschegnka, cria de sa place :

— Bernard !

Et quand, après les dépositions de Rakitine, le président demanda à Mitia s’il n’avait rien à dire, Mitia s’écria :

— Chez moi, dans ma cellule de prisonnier, il venait me chiper de l’argent, ce misérable, cet athée !

On imposa silence à Mitia, mais Rakitine était achevé.

Vint le tour de Trifon Borissitch. Il affirmait avoir vu lui-même jusqu’au dernier kopek les trois mille roubles entre les mains de Mitia.

— Avez-vous remis à l’accusé, demanda Fetioukovitch, les cent roubles qu’il a perdus chez vous lors de son premier voyage à Mokroïe ?

Trifon Borissitch nia d’abord avoir trouvé les cent roubles ; puis, comme il fut prouvé par les témoignages des moujiks que le fait était réel, l’hôtelier affirma les avoir rendus à Mitia.

Les choses se passèrent d’une sorte analogue avec les Polonais, Ils entrèrent la tête haute, en déclarant qu’ils avaient servi la couronne et que Mitia leur avait proposé d’acheter leur honneur pour trois mille roubles. Mais Fetioukovitch rappela sur la sellette Trifon Borissitch et le contraignit, malgré ses hésitations, à déclarer qu’il avait pris les panove en flagrant délit de tricherie, ce qui fut confirmé par Kalganov.

Ainsi Fetioukovitch parvint à déconsidérer chacun des témoins les plus importants aux yeux des juges et du