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culièrement l’attention des témoins était celui de savoir si, chaque fois qu’il était venu à Mokroïe, Dmitri Fédorovitch avait dépensé trois mille ou quinze cents roubles. Il est inutile de dire que tous les témoignages démentaient l’affirmation de Mitia.

Pendant tout ce temps, Mitia restait silencieux et sa physionomie exprimait la plus complète indifférence.

Après avoir interrogé Trifon Borissitch, le yamtschik Andrey, Kalganov et quelques moujiks, on en vint à l’interrogatoire des Polonais. Le pane à la pipe, qui déclara s’appeler Moussialovitch, venant à parler de ses relations avec Grouschegnka, étala tant de vanité, tant de fatuité, que Mitia bondit et lui cria :

— Misérable !

Moussialovitch demanda aussitôt qu’on prît note de cette injure.

— Eh bien, misérable ! misérable ! Notez-le tant qu’il vous plaira ! vous ne m’empêcherez pas de répéter qu’il est un misérable.

Nikolay Parfenovitch essaya de calmer Mitia et cessa d’interroger le Polonais sur ses relations avec Grouschegnka. Ce qui intéressa le plus les juges dans la déposition du pane, ce fut la somme de trois mille roubles que Mitia lui avait proposée pour renoncer à Grouschegnka, lui en offrant sept cents tout de suite et le reste le lendemain. À la question du procureur : où Mitia pensait se procurer ces deux mille trois cents roubles, Mitia répondit d’abord en niant le fait, puis se reprit et dit qu’il avait pu dire cela dans l’exaltation de l’instant, comptant s’acquitter au moyen d’un acte par-devant notaire, un acte de renon