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redescendu dans le jardin pour examiner le blessé, le procureur l’arrêta et le pria d’expliquer avec plus de détail comment il était assis sur le mur. Mitia fit un mouvement de surprise.

— Mais… à cheval ! une jambe d’un côté, l’autre de l’autre…

— Et le pilon ?

— Je l’avais à la main.

— Il n’était pas dans votre poche ? Vous en êtes sûr ? et avez-vous dû faire un très-grand geste ?

— C’est probable. Pourquoi ?

— Si vous vous placiez sur votre chaise comme vous étiez sur le mur, pour nous bien faire comprendre comment et de quel côté vous avez frappé ?

— Est-ce que vous vous moquez de moi ? demanda Mitia en regardant avec hauteur Hippolyte Kirillovitch qui resta impassible.

Puis il se mit à cheval sur sa chaise, fit un geste convulsif et dit :

— Voilà comment j’ai frappé ! Voilà comment j’ai tué ! cela vous suffit-il ?

— Je vous remercie. Seriez-vous assez aimable pour nous expliquer pourquoi vous êtes redescendu dans le jardin, dans quel but ?

— Eh ! diable !… C’est pour voir le blessé que je suis redescendu… je ne sais pas pourquoi !…

— Malgré votre trouble ? en pleine fuite ?

— Oui, malgré mon trouble et en pleine fuite !

— Vous vouliez lui venir en aide ?

— Quoi ? Oui, peut-être… en aide… je ne me rappelle plus.