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278 LES FRÈRES KARAMAZOV.

Cette réponse était si inattendue pour Rakitine qu'il fît un bond en arrière. Il saisit la main d'Alioscha et l'entraîna rapidement, craignant qu'il changeât de résolution. C'était beaucoup moins pour plaire à Grouschegnka que dans un double but qu'il agissait de la sorte : d'abord il se délectait d'avance à la pensée de voir un « juste » tomber, puis il y avait un intérêt matériel : Grouschegnka lui avait pro- mis une certaine somme, s'il parvenait à lui amener Alioscha.

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��Grouschegnka venait de recevoir la lettre par laquelle le capitaine polonais, son amant, — dont nous avons entendu parler chez Kathcrina Ivanovna, — avertissait de sa pro- chaine arrivée son ancienne maîtresse. Cet homme, après avoir abandonné Grouschegnka, s'était marié, et elle avait été longtemps sans rien savoir de lui. Mais il était devenu veuf et, ayant appris que Grouschegnka avait amassé un certain capital, il s'était décidé à l'épouser. Grouschegnka, tout à l'aise qu'elle fût, vivait simplement, servie par deux bonnes, une vieille femme et une jeune fille. Elle devait partir le soir de ce même jour pour Mokroïé, un village des environs, le même où elle avait t fait la fête » avec Dmilri : c'était là que l'attendait le capitaine.

Les deux jeunes gens la trouvèrent dans son salon, étendue sur deux grands coussins, les mains sous la tète,

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