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mon ange Grouschegnka, si elle veut venir. » Trois jours après, il a ajouté : « Pour mon petit poulet. »

— Quelles inepties! cria Ivan Fédorovitch hors de lui. Dmitri ne tuera pas son père pour le voler! Il aurait pu le

tuer hier, quand il cherchait Grouschegnka chez lui

Il est fou... Mais il ne volera pas.

— Il a besoin d’argent, un extrême besoin, Ivan Fédo- rovitch. Vous ne pouvez savoir à quel point il en a besoin, dit tranquillement Smerdiakov. D’ailleurs, il considère ces trois milleroubles comme sa propriété. Si Agrafeana Alexan- drovna y consent, Fédor Pavlovitch l’épousera. Son amant, le marchand Samsonov, lui dirait « que ce ne serait pas béte ». Et certes, elle préférera le père au fils, qui n’a pas d’argent. Donc, si Fédor Pavlovitch épouse Agrafeana Alexandrovna, ni à Dmitri Fédorovitch , ni à vous, nia Alexey Fédorovitch il ne restera un rouble h la mort de votre père ; si , au contraire, votre père meurt mainte- nant, rien de tout cela n’arrivera; vous aurez chacun quarante mille roubles tout de suite, puisqu’il n’a pas encore fait son testament... Dmitri Fédorovitch sait tout cela pertinemment...

Le visage d’Ivan Fédorovitch se contracta. Il rougit.

— Pourquoi donc me conseilles-tu de partir ? Que veux-tu dire par là ? Quand je serai parti, ici, chez nous, il se passera quelque chose…

Il haletait.

— Parfaitement, dit d’un ton posé Smerdiakov, en regardant fixement Ivan Fédorovitch.

— Comment, parfaitement ? dit Ivan Fédorovitch faisant effort pour se contenir et les yeux pleins de menaces.