Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Au restaurant de la Capitale, sur la place ?

— Précisément.

— C’est bien possible, réfléchit Alioscha, Merci, Smerdiakov. J’y vais tout de suite.

— Ne me trahissez pas !

— Non, non ; j’entrerai comme par hasard, soyez tranquille.

— Mais où allez-vous ? Je vais vous ouvrir la porte, criait Maria Kondratievna.

— Non, c’est plus court par le parc.

Cette nouvelle avait émotionné Alioscha. Il courut au traktir. Pourtant les convenances ne lui permettaient ni d’entrer avec son costume, ni d’appeler ses frères dans l’escalier. Mais à peine s’approchait-il du traktir qu’une fenêtre s’ouvrit et Ivan cria :

— Alioscha, viens ! tu m’obligeras beaucoup.

— Oui, mais avec cette robe ?

— Je suis dans un cabinet particulier. Monte sur le perron, je vais à ta rencontre.

Un instant après, Alioscha était assis à côté de son frère ; Ivan dînait tout seul.

III

Ivan n’était séparé des autres clients que par un paravent. On entendait le brouhaha, ordinaire dans les traktirs, des appels, des bouteilles qui se débouchaient, des billes de billard. Un orgue jouait dans un coin.