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La voix s’arrêta; tenorino de laquais et refrain de la- quais... Une autre voix, — une voix de femme, — timi- dement et tendrement :

— Pourquoi ne venez-vous pas plus souvent nous voir, Pavel Fédorovitch? Pourquoi nous méprisez-vous?

— Pour rien, répondit la voix d’homme avec une cer- taine alîabilité, mais non sans hauteur.

Évidemment l’homme dominait et la femme cherchait à Vamadouer.

— C’est Smerdiakov, pensa Alioscha. La femme doit être la fille du propriétaire de la maison : elle vient en robe à traîne chercher de la soupe chez Marfa Ignatievna.

— J’adore la poésie, quand on la dit bien, reprit la voix de femme. Continuez, je a ous prie.

La voix d’homme reprit :

La couronne du Tzar... Que ma clarie se porte bien. Que Dieu ga-a-rde

Elle et moi !

Elle et moi!

Elle et moi!

— Lautre jour, c’était bien mieux : vous aviez dit après la couronne : Que ma petite chérie se porte bien; c’était plus tendre.

— La poésie, sottise 1 coupa net Smerdiakov.

— Oh! non! j’aime beaucoup les vers.

— Les vers ? sottise, pure sottise ! Jugez vous-même : parle-t-on jamais en rimes? Si nous parlions tous avec des rimes, même si c’était prescrit par les autorités, pourrions- nous parler longtemps? Les vers, ce n’est pas sérieux, Maria Kondratievana.