174 LES FRÈRES KARAMAZOV.
Ses joues s'empourprèrent.
— Je vous soignerai. Mais je suis certain qu'à cette époque vous serez guérie.
— Vous êtes foui dit nerveusement Liza. Vous écha- faudoz un projet sérieux sur une plaisanterie! — Mais voici maman, très à propos peut-être. Maman, comme vous êtes lente! Est-il possible de rester si longtemps? Et voici Julie aussi qui apporte de la glace.
— Ah! Liza, ne crie pas. je t'en prie, c'est l'important, ne crie pas ! J'ai de tes cris. . . par-dessus la tète ! Mais que faire? Tu as fourré la charpie ailleurs! J'ai cherché, cherché!... Je soupçonne que tu l'as fait exprès.
— Comme si j'avais pu prévoir qu'il viendrait avec uo doigt coupé! Peut-être, d'ailleurs, si je l'avais prévu, aurais-je fait exprès... Maman, vous devenez très-spiri- tuelle.
— Bon, spirituelle! Mais comme tu parles, Liza! quelle conduite ! Oh ! cher Alexey Fédorovitch, ce n'est pas telle ou telle chose qui me tue ; c'est le tout, c'est l'ensemble...
— Assez, maman, assez, dit en riant Liza; donnez plutôt la charpie et l'eau. C'est de l'acide de plomb, Alexey Fédorovitch, un excellent remède. Maman, imaginez- vous qu'il est tombé par terre ; il ne sait pas encore marcher! Quel petit bonhomme! Dites- moi un peu, n'est-ce pas un vrai gamin? Peut-il se marier, après cela, maman? Car imaginez- vous qu'il veut se marier! Il est même déjà marié! N'est-ce pas ridicule? n'est-ce pas terriblement risible?
Liza éclatait de son rire nerveux en regardant mali- cieusement Alioscha.
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