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LES FRÈRES KARAMAZOV. 173

— Je ne l'ai pas sur moi.

— Ce n'est pas vrai ! Je savais bien que vous me feriez ce mensonge! Elle est dans votre poche. J'ai tant regretté toute cette nuit cette plaisanterie! Rendez-moi ma lettre à linstant ! rendez-la-moi !

— Je l'ai laissée chez moi.

— Mais enfin 1 vous ne pouvez pas ne pas me prendre pour une toute petite fille, après cette lettre si sotte, si niaise! Je vous prie de me pardonner cette bêtise!... Mais rapportez-moi ma lettre, si vraitnent vous ne l'avez pas sur vous. Aujourd'hui même! Je la veux absolument aujourd'hui morne.

— C'est impassible aujourd'hui, je vais au monastère, et je ne pourrai revenir de deux, trois ou quatre jours peut- être, carie starets...

— Quatre jours ! Écoutez. Avez-vous beaucoup ri de moi ?

— Pas le moins du monde.

— Pourquoi donc ?

— Parce que je vous ai crue sincère.

— Mais vous m'offensez!

— Pas du tout, les choses s'accompliront comme vous l'avez décidé : quand le starets Zossima sera mort, je quit- terai le monastère, j'achèverai mes études, je passerai mes examens, et dès que nous aurons l'âge exigé par la loi, nous nous marierons. Je vous aimerai toujours, quoique je n'aie pas encore eu le temps d'y penser jusqu'ici. Mais j'ai réfléchi que je ne trouverai jamais une femme meilleure que vous, et le starets m'ordonne de me marier.

— Mais je suis un monstre ! On me roule sur un fauteuil, dit Liza en riant.

10.

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