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rovitch. La situation entre le père et le fils était extrêmement tendue. Dmitri Fédorovitch réclamait l’héritage de sa mère, et Fédor Pavlovitch prétendait avoir donné à son fils tout ce qui lui était dû.

Les invités furent amenés par deux voitures. Dans la première, un équipage attelé de forts chevaux, arrivèrent Petre Alexandrovitch Mioussov, — parent de Fédor Pavlovitch par alliance, — et Petre Fomitch Kalganov, qui se préparait à entrer à l’Université, un garçon silencieux et un peu gauche. Mais dans l’intimité, il s’animait, causait et plaisantait gaiement. C’était l’ami du plus jeune des trois fils de Fédor Pavlovitch, Alexey Fédorovitch, alors novice au couvent du starets Zossima.

L’autre voiture, vieille et cahotante, portait Fédor Pavlovitch et son fils Ivan Fédorovitch. Dmitri Fédorovitch, averti pourtant de l’heure du rendez-vous dès la veille, était en retard. Sauf Fédor Pavlovitch, les invités semblaient n’avoir jamais vu de couvents. Quant à Mioussov, un vieux libéral qui depuis longtemps vivait à Paris, il y avait peut-être trente ans qu’il n’était entré dans une église.

— Mais que diable, on ne sait à qui parler, dans cette cahute ! Le temps passe, dit-il à peine entré, finissons-en !

À ce moment, se montra un petit homme chauve avec des yeux doux et qui semblait se cacher sous un ample manteau. Il souleva son chapeau, s’annonça comme un pomiestchik de Toula, et indiqua aux arrivants la cellule du starets. Finalement il leur proposa de les accompagner.

En chemin, ils rencontrèrent un moine qui très-poliment leur dit :

— Le Père supérieur vous invite à dîner chez lui après