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108 LES FRÈRES KARAMAZOV.

— Bon, dit Alioscha, je connais maintenant la première moitié de l'affaire.

— Oui, un drame, hein 1 il s'est passé là-bas. La seconde moitié sera une tragédie, dont le théâtre sera ici.

— Je ne comprends pas grand'chose à cette seconde moitié.

— Et moi donc 1 je n'y comprends rien du tout !

— Écoute, Dmitri, tu es encore fiancé ?

— Je me suis fiancé trois mois après ce jour-là. Le len- demain, je me dis que tout était fini, et que cela n'aurait aucune suite. Aller la demander en mariage me semblait, de ma part , infâme. Pour elle, pendant les six semaines qu'elle passa encore dans la ville , elle ne me donna signe de vie qu'une fois. Le lendemain, sa bonne vint chez moi, et me remit une grande enveloppe qui contenait l'excès de la somme nécessaire. Pas un mot. Je fis la noce avec le reste de mon argent, si bien que le nouveau major fut forcé de me faire une admonestation publique. Le colonel avait rendu la caisse en bon état, au grand étonnement de chacun. Il tomba malade peu après , resta trois semaines au lit : un beau matin, on constata qu'il avait un ramol- lissement du cerveau, et cinq jours plus tard il était mort. On l'enterra avec tous les honneurs militiiires. Dix jours après les funérailles , Katherina Ivanovna , sa sœur et sa tante partirent pour Moscou. Le jour seulement de leur départ, je reçus un petit billet bleu qui portait ces queltjues mots écrits au crayon : « Je vous écrirai. Atten- dez. K. » A Moscou, les événements se précipitèrent d'une façon imprévue , une histoire des Mille et une Xuits. La parente de Katherina Ivanovna, une générale, [u'rdit tout

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