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innocente ! Après cette nuit d’angoisse, ne pouvez-vous pas me dire ce que vous ferez d’elle ?

— Tranquillisez-vous là-dessus, Dmitri Fiodorovitch, s’empressa de répondre le procureur, nous n’avons pour l’instant aucun motif pour inquiéter la personne à laquelle vous vous intéressez. J’espère qu’il en sera de même ultérieurement. Au contraire, nous ferons tout notre possible en sa faveur.

— Messieurs, je vous remercie, je savais que vous étiez justes et honnêtes, malgré tout. Vous m’ôtez un poids de l’âme… Que voulez-vous faire, maintenant ? Je suis prêt.

— Il faut procéder tout de suite à l’interrogatoire des témoins qui doit avoir lieu en votre présence, aussi…

— Si nous prenions du thé ? interrompit Nicolas Parthénovitch, je crois que nous l’avons bien mérité. »

On décida de prendre un verre de thé et de poursuivre l’enquête sans désemparer, en attendant, pour se restaurer, une heure plus favorable. Mitia, qui avait d’abord refusé le verre que lui offrait Nicolas Parthénovitch, le prit ensuite de lui-même et but avec avidité. Il paraissait exténué. Avec sa robuste constitution, semblait-il, que pouvait lui faire une nuit de fête, même accompagnée des plus fortes sensations ? Mais il se tenait à peine sur sa chaise et parfois croyait voir les objets tourner devant lui. « Encore un peu et je vais délirer », pensait-il.


VIII

Dépositions des témoins. Le « Petiot »

L’interrogatoire des témoins commença. Mais nous ne poursuivrons pas notre récit d’une façon aussi détaillée que jusqu’à maintenant, laissant de côté la façon dont Nicolas Parthénovitch rappelait à chaque témoin qu’il devait déposer selon la vérité et sa conscience, et répéter plus tard sa déposition sous serment, etc. Nous remarquerons seulement que le point essentiel aux yeux du juge, était la question de savoir si Dmitri Fiodorovitch avait dépensé trois mille roubles ou quinze cents lors de son premier séjour à Mokroïé,