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blessé, je pleurais à chaudes larmes. De plus, j’étais fort irrité. L’indignation et la rancune bouillonnaient dans mon cœur ; jamais auparavant je n’avais éprouvé de semblables émotions, car c’était la première fois de ma vie que je ressentais un vrai chagrin et que je subissais un sérieux outrage.

Tout ce que je raconte là est absolument vrai et sincère, et je suis sûr de ne rien exagérer. Mes premiers sentiments romanesques, encore vagues et inexpérimentés, avaient été violemment choqués ; ma pudeur d’enfant, mise à nu, avait été froissée dans ce qu’elle avait de plus chaste et de plus délicat ; enfin on avait tourné en ridicule mon premier sentiment sérieux. Évidemment ceux qui se riaient de moi ne pouvaient ni connaître ni deviner mes tourments.