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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

crédit et de la politique internationale. Il est clair que leur règne complet approche. On va me rire au nez et dire qu’il faut que les juifs aient une activité surhumaine pour avoir ainsi bouleversé le vieux monde. Je veux bien, en effet, que les juifs ne soient pas coupables de tout, mais remarquez que le triomphe des leurs a coïncidé avec l’adoption des principes nouveaux. Leur influence a bien dû pousser à la roue.

Nos contradicteurs affirment que les juifs sont, en tant que masse, pauvres partout et surtout en Russie, qu’il n’y a qu’une classe privilégiée d’israélite qui possède, que les neuf dixièmes de la race sont composés d’infortunés qui luttent pour un morceau de pain. Mais cela n’indique-t-il pas qu’il y a là quelque chose d’irrégulier, d’anormal, un vice qui porte son châtiment en lui-même ? Le juif est un intermédiaire ; il fait trafic du travail d’autrui. Le capital, c’est du travail accumulé et le juif aime à remuer des capitaux. — En tout cas, les « hauts juifs » commencent à régner sur l’humanité ; ils ont déjà modifié l’aspect du monde. Les israélites proclament à cor et à cri qu’il y a de bien bonnes gens parmi eux. Eh ! parbleu ! feu James de Rothschild n’était pas un mauvais homme : c’est entendu ! Mais nous ne discutons pas sur le plus ou moins grand nombre de braves gens ici-bas. Nous parlons de l’idée juive qui mène le monde alors que le christianisme a échoué.


MAIS VIVE LA FRATERNITÉ !


Pourquoi dis-je tous cela ? Suis-je un ennemi des juifs ? Est-il vrai, comme me l’écrit une jeune fille qui doit être fort instruite et d’une âme très noble, si j’en juge par sa lettre, est-il vrai que j’attaque si férocement ces pauvres juifs ? Est-il vrai que je les méprise si fort ? Pas le moins du monde ! Tout ce que je demande, c’est-à--