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En Sibérie son mal se développa définitivement, et en arriva au point que Dostoïevski, à qui on le cachait, n’en put plus douter.

Au sortir du bagne, le 2 mars 1854, Dostoïevski fut incorporé comme simple soldat au 7e bataillon de ligne. Le 1er octobre 1855, il était promu lieutenant dans le même bataillon. Après le bagne sa situation s’améliora sensiblement. Il était libre, sans chaînes, il pouvait être seul, lui que le manque d’isolement avait tellement fait souffrir au bagne. Il se remit à écrire. C’est en Sibérie qu’il écrivit : Le Rêve de mon Oncle et le Carnet d’un Inconnu (Stepanchikovo), et qu’il composa le plan de sa Maison des Morts.

En même temps, il y vécut son propre roman, qui le fit souffrir beaucoup, physiquement et moralement, et se termina par son mariage à Kouznietzk, le 6 mars 1856, avec la veuve Marie Dmitrievna Issaiev.

Après de longues démarches et de nombreuses suppliques, Dostoïevski reçut la permission de quitter la Sibérie et de vivre en Russie d’Europe. Il s’installa d’abord à Tver, puis enfin il fut autorisé à vivre dans la capitale.

Revenu à la liberté entière, Dostoïevski, entraîné par le mouvement social, alors très intense, ne put se limiter aux belles-lettres, et avec son frère Michel il commença la publication de la revue Vremia {Le Temps) qui parut au commencement de janvier 1861.

Cette revue, par ses opinions ainsi que par le choix de ses principaux collaborateurs (Apollon Grigoriev, Strakhov, etc.), se rattachait à la doctrine mi-slavophile mi-occidentale dont les adeptes portaient le nom de Potchvenniki (du nom Potchva, le sol), et dont le fondateur et principal représentant était Apollon Grigoriev.