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la douce Prascovia Ilinichna, s’occupait à verser le thé. Il était évident qu’après une aussi longue séparation, elle brûlait du désir de m’embrasser, mais elle n’osait le faire. Tout semblait défendu en cette maison. Près d’elle était assise une fort jolie fillette d’une quinzaine d’années, dont les yeux noirs me regardaient avec une curiosité enfantine : c’était ma cousine Sachenka.

Mais la plus remarquable de toutes ces dames était sans conteste une personne bizarre, vêtue très luxueusement et en toute jeune fille, bien qu’elle eût déjà environ trente-cinq ans. Son visage était maigre, pâle et desséché, mais néanmoins fort animé. Ses joues décolorées s’empourpraient à la moindre émotion, au moindre mouvement, et elle ne cessait de s’agiter sur sa chaise, comme s’il lui eût été impossible de rester tranquille une seule minute. Elle m’examinait curieusement, avidement, se penchait pour chuchoter quelque chose à Sachenka ou à une autre voisine, après quoi elle éclatait de rire avec un puéril sans gêne. À mon grand étonnement, ces excentricités ne semblaient surprendre personne, on eût dit que les convives étaient d’accord pour n’en faire point cas.

Je devinai en elle cette Tatiana Ivanovna,