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la propriété de ce lopin, à charge pour mon oncle de payer tous frais et dommages-intérêts que de droit en punition de son arbitraire et de son accaparement. Mais, dès le lendemain, Foma, s’ennuyant chez Bakhtchéiev, pardonnait à mon oncle venu pour lui offrir sa tête coupable et regagnait Stépantchikovo en sa compagnie.

Quand, à son retour de la ville, il n’avait plus retrouvé Foma, la colère de Stépane Alexiévitch avait été terrible ; mais, trois jours plus tard, il se rendait à Stépantchikovo où, les larmes aux yeux, il avait demandé pardon à mon oncle et déchiré sa plainte. De son côté, mon oncle l’avait réconcilié le jour même avec Foma Fomitch et, de nouveau, on avait vu Stépane Alexiévitch suivre Foma avec la fidélité d’un chien, répondant à chacune de ses paroles : « Tu es un homme intelligent, Foma ! Tu es un savant, Foma ! »

Foma Fomitch dort à présent dans sa tombe, à côté de la générale, sous un précieux mausolée en marbre blanc où l’on peut lire quantité de citations attendries et de formules louangeuses. Souvent, après la promenade, Nastenka et Yégor Ilitch pénètrent pieusement dans l’enclos de l’église pour prier sur les restes du grand homme.

Il n’en peuvent parler sans une douce mélan-