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main sans se douter de ce qu’il allait advenir de tout cela.

— Donnez aussi votre main, continua Foma d’une voix faible, écartant la foule de dames qui l’entourait et s’adressant à Nastenka, qui se troubla et leva sur lui un regard timide. Continuant à tenir la main de mon oncle dans les siennes, il reprit : — Approchez-vous, approchez-vous, ma chère enfant, cela est indispensable pour votre bonheur.

— Qu’est-ce qu’il médite ? fit Mizintchikov.

Peureuse et tremblante, Nastia s’approcha lentement et tendit à Foma sa petite main. Foma la prit et la mit dans celle de mon oncle.

— Je vous unis et je vous bénis ! prononça-t-il d’un ton solennel ; si la bénédiction d’un martyr frappé par le malheur vous peut être de quelque utilité. Voilà comment se venge Foma Fomitch Opiskine ! Hourra !

La surprise générale fut immense. Ce dénouement tant inattendu laissait les spectateurs abasourdis. La générale était bouche bée avec sa bouteille de malaga dans les mains, Pérépélitzina pâlit et se prit à trembler de rage. Les dames pique-assiettes frappèrent des mains, puis restèrent comme figées sur place. Frémissant de la tête aux pieds,