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après le vieux domestique. Mon oncle l’avait retrouvé dans le village.

On avait arrêté un chariot ; les paysans accourus y avaient installé Foma Fomitch devenu plus doux qu’un mouton, et c’est ainsi qu’il fut amené dans les bras de la générale qui faillit devenir folle de le voir en cet équipage, encore plus trempé, plus crotté que Gavrilo.

Ce fut un grand remue-ménage. Les uns voulaient l’emmener tout de suite dans sa chambre pour l’y faire changer de linge ; d’autres préconisaient bruyamment diverses tisanes réconfortantes ; tout le monde parlait à la fois… Mais Foma semblait ne rien voir, ne rien entendre.

On le fit entrer en le soutenant sous les bras. Arrivé à son fauteuil, il s’y affala lourdement et ferma les yeux. Quelqu’un cria qu’il se mourait et des hurlements éclatèrent, cependant que Falaléi, beuglant plus fort que les autres, s’efforçait d’arriver jusqu’à Foma pour lui baiser la main.