Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tel est mon principe. Propriétaire foncier, vous devez briller comme un diamant sur vos domaines ; et quel abominable exemple ne donnez-vous pas à vos subordonnés ! Pendant des nuits entières, je priais pour vous, m’efforçant de découvrir votre bonheur. Je n’ai pu le trouver, car le bonheur n’est que dans la vertu...

— Mais c’est impossible, Foma ! interrompit encore mon oncle. Tu te méprends ; tu parles hors de propos...

— Rappelez-vous donc que vous êtes un seigneur, continua Foma sans prêter plus d’attention que devant aux paroles de mon oncle. Ne croyez pas que la paresse et la volupté soient les seuls buts du propriétaire terrien. C’est là une idée néfaste. Ce n’est pas à l’incurie qu’il se doit, mais au souci, au souci devant Dieu, devant le tsar et devant la patrie ! Un seigneur doit travailler, travailler comme le dernier de ses paysans !

— Bon ! vais-je donc labourer aux lieu et place de mes paysans ! grommela Bakhtchéiev. Et cependant, je suis un seigneur...

— Je m’adresse à vous, maintenant, fit-il en se tournant vers Gavrilo et Falaléi qui venaient d’apparaître près de la porte. Aimez vos maîtres et obéissez-leur avec douceur et empressement ;