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passés dans cette maison, Foma n’avait rien produit qui méritât mention, et plus tard, quand il eût quitté cette terre pour un monde meilleur, nous examinâmes ses manuscrits : le tout ne valait rien.

Nous trouvâmes le commencement d’un roman historique se passant au VIIe siècle, à Novgorod, un monstrueux poème en vers blancs : L’Anachorète au cimetière, ramassis de divagations insensées sur la propriété rurale, l’importance du moujik et la façon de le traiter, et enfin une nouvelle mondaine également inachevée : La Comtesse Vlonskaïa. C’était tout et, cependant, Foma Fomitch imposait chaque année à mon oncle une énorme dépense en livres et revues dont beaucoup furent retrouvés intacts. Par la suite, il m’était souvent arrivé de surprendre notre Foma plongé dans la lecture d’un Paul de Kock aussitôt dissimulé...

Une porte vitrée donnait du cabinet de travail dans la cour.

On nous attendait. Foma Fomitch était assis dans un confortable fauteuil, toujours sans cravate, mais vêtu d’une longue redingote qui lui descendait jusqu’aux talons. Il était en effet silencieux et absorbé. Quand nous entrâmes, il releva légèrement les sourcils et me regarda d’un œil