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que cette façon de refuser est tellement ridicule qu’il n’y a vraiment pas à en tenir compte et je vous assure que votre confusion m’étonne...

— Ah ! mon cher, tu n’y comprends rien ! cria mon oncle avec un geste énergique.

— Inutile de vous lamenter maintenant, interrompit Mlle Pérépélitzina, puisque c’est vous la cause de tout le mal. Si vous aviez écouté votre mère, vous n’auriez pas à vous désoler à présent.

— Mais de quoi suis-je coupable, Anna Nilovna ? Vous ne craignez donc pas Dieu ? gémit mon oncle d’une voix suppliante qui voulait provoquer une explication.

— Si, je crains Dieu, Yégor Ilitch ; tout cela ne provient que de votre égoïsme et du peu d’affection que vous avez pour votre mère, répondit avec dignité Mlle Pérépélitzina. Pourquoi n’avez-vous pas respecté sa volonté dès le début ? Elle est votre mère ! Quant à moi, je ne vous mentirai pas : je suis la fille d’un lieutenant-colonel, moi aussi, et non pas la première venue.

Il me parut bien que cette demoiselle ne s’était mêlée à la conversation que dans le but unique d’informer tout le monde et particulièrement certain nouvel arrivé, qu’elle était la fille d’un lieutenant-colonel et non la première venue.