Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne boit pas et c’est pour s’amuser qu’il fait le bouffon. Ils sont dans une misère affreuse ; huit enfants ! Ils n’ont pour vivre que les appointements de Nastienka. Il fut chassé du service à cause de sa mauvaise langue. Il vient nous voir toutes les semaines. Il est très fier ! Il ne veut accepter quoi que ce soit. Je lui ai fait plusieurs fois des offres, mais il n’écoute rien...

Mais, s’apercevant que le vieillard nous écoutait, mon oncle lui frappa vigoureusement sur l’épaule et s’enquit :

— Eh bien, Evgraf Larionitch, quoi de neuf, en ville ?

— Quoi de neuf, mon bienfaiteur ? M. Tikhontzev exposa hier l’affaire de Trichine qui n’a pu représenter son compte de sacs de farine. C’est, Madame, ce même Trichine, qui vous regarde en dessous : vous vous le rappelez peut-être ? M. Tikhontzev a fait sur lui le rapport suivant : « Si ledit Trichine ne fut pas même capable de garder l’honneur de sa propre nièce, laquelle disparut l’an dernier en compagnie d’un officier, comment aurait-il pu garder les sacs de l’Intendance ? » C’est textuel, je vous le jure !

— Fi ! Quelles laides histoires nous racontez-vous là ? s’écria Anfissa Pétrovna.