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un cha-ar-mant jeune homme !… Sachenka, Nastenka, vous vous rappelez ? Il ressemble extraordinairement à cet autre fou : te rappelles-tu Sachenka ? Nous le rencontrâmes pendant une promenade en voiture ; il était à cheval avec un gilet blanc… Et comme il me lorgnait, le monstre ! Vous vous souvenez ? Je me couvris le visage de mon voile, mais ne pus me tenir de me pencher à la portière en lui criant : « Quel effronté ! » puis, je jetai mon bouquet sur la route… Vous vous souvenez, Nastenka ?

Et, toute émue, cette demoiselle par trop éprise des jeunes gens se cacha le visage dans ses mains. Bondissant ensuite de sa place, elle courut à une fenêtre, cueillit une rose qu’elle jeta près de moi et se sauva dans sa chambre. Il s’ensuivit encore une certaine confusion, mais la générale resta parfaitement calme. Anfissa Pétrovna ne semblait pas autrement surprise, mais, soudain préoccupée, elle jeta sur son fils un regard anxieux. Les demoiselles rougirent : quant à Paul Obnoskine, il se leva d’un air vexé et s’en fut à la fenêtre.

Cependant, mon oncle me faisait des signes, mais, à ce moment, un nouveau personnage apparut au milieu de l’attention générale.

— Ah ! voici Evgraf Larionitch ! s’écria mon