C’était pour acheter le trousseau de sa fille que madame Gagnon se rendait à Montréal et Mathilde voulut l’y accompagner ; la mère y consentit avec joie.
II
À MONTRÉAL
Le surlendemain, Madame Gagnon et Mathilde partaient pour Montréal par une très belle journée ; le firmament était clair et serein et le soleil du matin se montrait dans tout son éclat.
La jeune fille, toutefois, se montrait insensible à toutes ces beautés de la nature ; elle était tout à fait indifférente à tout ce qui s’offrait à sa vue. Évidemment son esprit était ailleurs, et sa mère ne parvenait qu’avec beaucoup de difficulté à obtenir une réponse à ses questions, et encore, la plupart du temps, la réponse était-elle très courte ou parfaitement évasive. Oui, maman, non, maman, étaient à peu près les seules paroles que madame Gagnon obtenait de sa fille, et souvent ces réponses n’avaient aucun rapport à la conversation qu’elles tenaient ensemble.
— Mais réponds-moi donc enfin, fit madame Gagnon, lasse du mutisme de Mathilde. Je te dis que ton père a écrit à M. Pouliotte pour le prévenir de notre arrivée à Montréal, et tu me réponds que non. N’auras-tu constamment à l’esprit que l’idée de Pierre, et ne pourrai-je obtenir de toi une parole raisonnable ? Vraiment, ce voyage va être amusant pour moi, si je dois me contenter d’un pareil silence de ta part chaque fois que nous sortirons ensemble.