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déshabiller et fait prendre tous ses bagages.

Le crime est consommé.


Le lieutenant Meynier blessé


C’est alors que les hommes de l’escorte du colonel, revenus auprès du corps, disent à Voulet qu’il y a un officier blessé, le lieutenant Meynier. Il répond brutalement :

— Je m’en f… ! Il n’avait qu’à ne pas venir.

Puis il va au lieutenant et lui ordonne de monter à cheval et de le suivre.

Le lieutenant Meynier répond :

— Je suis blessé, je ne peux pas, mon capitaine.

Et, croyant à un dénouement tragique pour lui, il dit encore :

— Si vous devez me fusiller, laissez-moi une heure pour que je règle mes affaires et que j’écrive aux miens.

— Non ! répond durement Voulet. Nous verrons.

On hisse péniblement le blessé sur le second cheval de Voulet.


L’enterrement du colonel Klobb


Au moment du départ pour Nafouta, des tirailleurs demandent s’il faut enterrer le colonel :

— Faites ce que vous voudrez, répond brusquement Voulet. Je m’en f…

Et pendant que l’ex-capitaine et le lieutenant Meynier s’éloignent, les tirailleurs, avec leurs sabres d’abatis creusent une fosse où est placé le corps encore chaud du colonel Klobb, tombé au champ d’honneur, frappé par des balles françaises.

Au camp de la Mare, à Nafouta, on entend la fusillade.

À onze heures du matin, le détachement de Voulet est déjà à Nafouta. On y laisse le lieutenant Meynier avec le docteur et une petite garde qui se trouve dans ce village. Puis on continue la route vers le camp de la Mare, où toute la mission se trouve alors réunie.

Comment les lieutenants Pallier et Joalland, rejoints le 13 après midi par trois sergents et 150 hommes qui, depuis deux jours, connaissaient l’arrivée du colonel Klobb, ont-ils pu ignorer ce dernier fait et ce qui se tramait contre l’infortuné officier ?