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par le colonel, le lieutenant Meynier, un pavillon français, un officier et quelques soldats et porteurs. Cette poignée d’hommes s’avance contre cette petite armée disposée savamment, froidement, pour faire le feu le plus efficace sur les arrivants.

Le colonel approche toujours.

Voulet met pied à terre et, le revolver au poing, il se porte en avant, invectivant son chef avec les expressions les plus grossières.

Le colonel impassible, à cheval, avance toujours. Il est à cinquante mètres du front des troupes auxiliaires. Il crie, en levant la main en signe de paix :

— C’est moi, le colonel Klobb, vous me connaissez bien, je vous ai commandés dans le Mossi !

Voulet écume de rage.

Tout à coup, il fait demi-tour, va se replacer derrière ses hommes et commande :

— Feu de salve !

Un instant se passe.

Le colonel est debout, à la même place. Dans la petite troupe qui le suit, personne n’a été touché.

Les auxiliaires ont dû tirer en l’air ?

Un sergent indigène demande au colonel de riposter. Il l’arrête du geste. Deux troupes françaises ne se fusilleront pas sur son ordre.

La troupe du colonel se débande alors et s’enfuit.

Exaspéré, Voulet crie de nouveau :

— Feu de salve !

Rien ! Le colonel est toujours là, debout, superbe de bravoure et de stoïcisme, seul et sans défense.

Alors, derrière ses hommes, le revolver au poing et menaçant de les tuer à bout portant, Voulet commande :

— Feu à volonté !

L’effet est terrible.

Le colonel, cible vivante, tombe mort, criblé de balles, son cheval aussi. Le cheval du lieutenant Meynier est tué et le lieutenant lui-même blessé à la cuisse. Deux porteurs en fuite sont tués par des balles perdues. Quatre ou cinq hommes sont blessés.

Le capitaine s’avance vers le cadavre de son ennemi pour l’insulter encore. Il le fait fouiller,