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Le moëlleux contour d’une tête flexible,
Des passages divers la nuance insensible ;
Ces pas demi formés, ces bras que le desir,
Dans un doux abandon, semble tendre au plaisir,
Tous ces ébranlemens, ces secousses légeres,
Que la volupté compte au rang de ses mysteres,
Et ces gestes de feu, ces repos languissans,
Qui jusqu’en leur foyer vont réchauffer nos sens.
Des élémens de l’art connoissez l’importance :
Formez vos premiers pas sous un maître qui pense.
Vous avancerez plus avec moins de travaux :
Il saura profiter même de vos défauts.

C’est ainsi que Marcel, l’Albane de la danse,
Communiquoit à tout la noblesse et l’aisance.
Des mouvemens du corps il fixa l’unisson,
Et dans un art frivole il admit la raison.
La beauté qu’il formoit venoit-elle à paroître ?
Elle emportoit le prix, et déceloit son maître ;
Telle brille une rose entre les autres fleurs.
Il dotoit la jeunesse, en lui gagnant des coeurs.
Il me semble le voir, dans un jardin fertile,
Assujettir à l’art chaque tige indocile,
Tendre au lys incliné la main qui le suspend,
Resserrer le bouton où l’œillet se répand,
Distribuer par-tout cet accord, cette grace
Qui pare la nature, et jamais ne l’efface.