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secours arriva par M. de Maison-Neufve, ce qui est à remarquer ici Miedans, est que si elle acheta trop cher la terre en faveur de laquelle elle donna le 22.000 livres afin de faire venir ce secours, il est vrai que ni M. de Maison-Neufve, ni MM. du Montréal n’en ont paru profité, qu’il n’y a eu que le public, et que Mlle. Mance qui a agi avec autant de prudence que le marchand dans le danger, qui, jette prudemment une partie de ses denrées pour sauver le reste ; ce que on peut dire avec vérité, c’est qu’il a plus coûté à Messieurs du Montréal, qu’à personne en cette affaire, et que partant au lieu d’avoir nui, ils ont profité aux pauvres et à tous généralement.

de l’automne 1654 jusqu’à l’automne 1655, que les vaisseaux partirent du Canada.


Cet automne outre plusieurs combats qui se rendirent ici, il y en a eu un qui fait connaître que les Iroquois sont bien faciles à Surprendre et qu’il faut bien être sur ses gardes pour n’en être point attrapé, ayant la guerre contre eux : voici le fait. Un parti de ces barbares se cacha dans les déserts à l’ombre des souches qui y étaient, lorsque nos gens allaient au travail ; or comme il fallait toujours être sur ses gardes, nos Français mirent une sentinelle du côté d’où l’ennemi était à craindre ; cette sentinelle étant postée, monta sur une souche afin de mieux découvrir, et comme la souche était un peu grosse, cela lui donnait moyen de se tourner tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, afin de voir ce qui se passait dans la campagne et s’il n’y avait point d’ennemis ; or à mesure qu’elle tournait la tête d’un différent côté un certain Iroquois s’avançait toujours de souche en souche, quand la sentinelle regardait vers le lieu où il était, il ne branlait pas, si elle regardait ailleurs, il s’approchait incontinent autant qu’il le pouvait sans se faire découvrir ; enfin le renard vint si près du mal-perché, que tout d’un coup sautant sur lui, il le prit par ses jambes sur ce bois où il était monté, soudain il le chargea sur ses épaules et s’enfuit avec ce fardeau tout de même qu’un voleur emporterait un mouton ; il est vrai que ce prisonnier criait plus haut et se débattait d’une autre manière, enfin cet innocent voyant après S’être bien débattu que ce sauvage était fort, il se laissa porter sans réjimber davantage à la boucherie où il fut bientôt payé de son peu de précaution à découvrir, rien de plus étonné que nos gens lorsqu’ils entendirent leur brebis bêler et le loup l’emporter, on voulait courir sur cet épervier et lui faire lâcher prise, mais il fut bientôt secouru par un nommé La Barique qui commandait